Homélie du 6 octobre 2024

8 octobre 2024

Il n’y a pas si longtemps, un vieux prêtre me disait : « Si, à partir du texte de la parole de Dieu, l’homélie n’est pas « une bonne nouvelle », c’est que le curé n’a pas bien préparé son homélie ou que les paroissiens ont mal compris les lectures du dimanche. La parole de Dieu n’est pas une leçon de morale mais une bonne nouvelle » (c’est le sens du mot évangile en grec). Quelle est cette bonne nouvelle dans le discours de Jésus sur le mariage et le divorce ?
La bonne nouvelle d’aujourd’hui se retrouve dans les attitudes et les valeurs que le Christ nous propose sur le mariage. Pour lui, le mariage n’est pas un contrat mais une alliance, et dans une alliance, les personnes sont toujours plus importantes que les institutions. (…) Jésus mentionne que dans le mariage, la réciprocité doit être totale : les hommes et les femmes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre… » « Si une femme répudie son mari et en épouse un autre… » - Le droit juif ne permettait qu’à l’homme de divorcer, le droit romain permettait aux deux partenaires de le faire ! Dans S. Marc, Jésus utilise le droit romain, plus juste et plus égalitaire.
L’argumentation de Jésus est en fait une défense de la femme. LA FEMME N’EST PAS UN OBJET JETABLE QUE L’ON ACQUIERT ET DONT ON PEUT SE DÉBARRASSER SELON LE BON VOULOIR DU MARI ! La loi juive disait : « Lorsqu’un homme aura pris une femme et l’aura épousée, s’il ad-vient qu’elle ne trouve plus grâce à ses yeux parce qu’il a trouvé en elle quelque chose de choquant, il écrira pour elle une lettre de répudiation, la lui remettra en main, et la renverra de sa maison » (Deutéronome 24,1). Selon l’une des deux écoles de pensée au temps de Jésus, il suffisait que la femme déplaise à son mari, qu’elle brûle son repas par exemple, pour qu’il puisse la renvoyer. Au temps de Moïse, l’homme n’avait qu’à répéter trois fois : « je veux te divorcer » pour renvoyer la femme. Moïse, afin de rendre le divorce plus difficile, avait imposé « l’acte de divorce » - procédure compliquée à une époque où les gens ne savaient ni lire ni écrire. Il avait imposé cette procédure afin de protéger les femmes qui, dans la culture du temps, n’avaient aucun droit. C’est pourquoi Jésus ajoute que C’EST À CAUSE DE LEUR « SCLÉROSE DU COEUR » (SCLÉROCARDIA) que Moïse a promulgué cette loi. Saint Paul, que l’on accuse souvent de misogynie et qui en fait l’était beaucoup moins que les hommes de son temps, écrivait dans la lettre aux Éphésiens : « Les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même. Car nul n’a jamais haï sa propre chair ; on la nourrit au contraire et on en prend soin. C’est justement ce que le Christ a fait pour son Église : ne sommes-nous pas les membres de son corps ? Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari. » (Ep 5, 22-33)
L’union entre deux personnes ne dépend pas seulement du « oui » prononcé au cours de la cérémonie du mariage... Il faut le renouveler tous les jours. S’il est beau de voir un couple s’unir dans le mariage, c’est encore plus beau de célébrer les 30e, 40e, 50e anniversaires de mariage d’un couple qui a toute une vie commune à son compte.
L’amour est comme le feu. Si l’on ne veut pas qu’il meure, il faut l’entretenir. D’où l’importance des gestes d’affection, du dialogue, des cadeaux, des mots de tendresse. Le mariage, dans le plan de Dieu, c’est quelque chose de beau, de sérieux, qui doit se construire au jour le jour. C’est plus qu’un contrat, c’est une alliance. Pour Jésus l’amour est fondé sur la tendresse du coeur et non sur des rapports de force ; l’amour ne peut se vivre que dans la réciprocité et l’égalité.

Père Yvon-Michel Allard, s.v.d