Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?

14 octobre 2024

Dans ce long extrait d’évangile, Marc poursuit l’enseignement de Jésus sur les exigences requises pour devenir son disciple. Cet enseignement a lieu sur la route en direction de Jérusalem où Jésus va subir son procès et être mis à mort.

 Il y a trois éléments distincts dans cet évangile : l’appel du jeune homme riche, la difficulté d’entrer dans le royaume des cieux et la récompense accordée à ceux et celles qui suivent le Christ. Ces éléments ont été réunis par la tradition pour offrir une catéchèse sur l’attitude qu’on doit avoir vis-à-vis la richesse. (…)

 L’histoire du jeune homme riche, dans l’évangile d’aujourd’hui, se termine mal ! « L’homme devint sombre et tout triste » : il a peur du couteau prêt à trancher dans ses sécurités. Il refuse « de partir vers une terre inconnue », comme l’avait fait Abraham autrefois, dans sa vieillesse.

 Pour bien comprendre ce texte, il faut nous reporter à la tradition méditerranéenne. Pour nous, la richesse signifie avoir plein d’argent. Pour les pays entourant la Méditerranée, la richesse comprend d’abord et avant tout la famille, la maison, la terre. La fin de l’évangile d’aujourd’hui indique ce genre de richesse qui dépasse l’argent accumulé dans le compte bancaire : « Personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’évangile, une maison, des frères, des sœurs, mère, enfants et terre, sans qu’il reçoive le centuple ». Le jeune homme riche est invité à partager l’argent qui le retient comme un boulet au pied, mais aussi à s’éloigner des valeurs de sa famille, valeurs qui l’empêchent d’être un disciple du Christ. Pour progresser dans la vie chrétienne, nous sommes invités à combattre les préjugés et certaines valeurs de notre famille. Nous devons aussi mettre de côté la suffisance religieuse qui s’apparente à celle des docteurs de la Loi, des pharisiens et des prêtres. Il est aussi pénible à de brillants théologiens, à de grands directeurs spirituels, riches de leur sagesse et de leur sainteté, qu’à un riche industriel ou un commerçant cossu, de se dépouiller pour marcher derrière Jésus.

Les détachements peuvent être différents, mais tous ils nous invitent à l’allègement pour suivre le Seigneur : Abraham a été appelé à quitter son pays, Pierre ses filets, Matthieu son bureau de douane, Élisée sa ferme, Nathanaël sa retraite. Pour chacun, les coûts sont élevés mais ils apportent une libération nécessaire. Jésus parle de ce genre de dépouillement dans la parabole de la perle et du trésor caché dans un champ. « Un homme ayant trouvé un trésor dans un champ s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ. » (Matthieu 13, 44-45) L’histoire du jeune homme riche nous rappelle qu’on ne peut se mettre à la suite du Seigneur en demeurant encombré de lourds bagages. « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Nous constatons qu’en nous invitant à le suivre, Jésus ne met pas l’accent sur ce qu’on doit abandonner mais sur le bonheur que l’on découvre à le faire : « Un homme ayant trouvé un trésor s’en va ravi de joie ! ». La renonciation aux richesses n’est pas un but en soi mais simplement une exigence préalable pour devenir un disciple du Christ. Chacun et chacune doit renoncer à ce qui l’empêche de répondre à cette invitation : « Viens et suis moi ».

 Jésus appelle d’abord et avant tout au dépassement. Pour l’homme riche, se dépasser eût été de se détacher de ses trop grands biens. Pour d’autres, ce sera d’oublier ses titres et ses réussites en affaires ou en politique, de changer sa façon de traiter les autres, de corriger son manque de générosité, son égoïsme, sa paresse, etc. L’important est de se libérer, chacun à sa façon, pour suivre le Christ. « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima. »

Père Yvon-Michel Allard, s.v.d.

 

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Sg 7, 7-11 / Ps 89 / He 4, 12-13 / Mc 10, 17-30

MISE EN SITUATION :

Comme leur nom l’indique, les biens matériels sont des biens, mais ils ne sont pas les seuls biens : la culture en est un et aussi l’intelligence de la vie que les Anciens appelaient « LA SAGESSE ». Cette Sagesse vaut bien plus que toute richesse... Mais l’Évangile révèle un autre bien plus précieux encore : L’ATTACHEMENT À LA PERSONNE DU CHRIST... c’est la vraie RICHESSE.

AU LIVRE DE LA SAGESSE :

Le Livre de la Sagesse est relativement récent puisqu’il date du premier siècle avant Jésus-Christ. Ici, la parole est donnée à Salomon dont la sagesse était proverbiale. « À côté de la Sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse »... Pendant un songe fameux, il avait demandé à Dieu la SAGESSE plutôt que la richesse. Le CHRIST est la SAGESSE en personne... notre attachement à sa Personne vaut plus que tout...

PSAUME 89 :

Nous demandons au Seigneur d’apprendre la vraie mesure de nos jours... C’est la SAGESSE que de savoir que mille ans devant le Seigneur sont comme un jour car pour LUI tout est présent... Seul l’Amour compte pour LUI.

LA LETTRE AUX HÉBREUX :

La PAROLE de Dieu nous juge. Elle pénètre au plus profond de l’âme. Lorsque nous lisons le Livre des Rois, on nous raconte comment Salomon, le SAGE a jugé entre deux femmes qui se prétendaient « mère » d’un enfant... Sa parole avait mieux tranché que le glaive le plus acéré... La Parole de Dieu pénètre davantage encore jusqu’au fond des cœurs...