Is 53, 10-11 / Ps 32 / He 4, 14-16 / Mc 10, 35-45
MISE EN SITUATION :
IL a donné sa vie pour nous... Que la souffrance puisse racheter nos péchés, qu’une vie puisse s’offrir en sacrifice d’expiation... ce n’est pas vraiment d’actualité... Pourtant, notre Foi n’est-elle pas enracinée dans la Croix de Jésus, chemin de sa Résurrection ?
AU LIVRE D’ISAIE :
On pourrait regretter que cette lecture soit trop courte. Il serait bon de reprendre en particulier ce Chapitre 53 dans le Livre d’Isaïe... surtout les versets 2-12. Ainsi nous comprendrions mieux que le Seigneur souffrant, le Christ, s’est chargé de nos péchés, souffrant toutes sortes d’ignominies pour les réparer...
PSAUME 32 :
Ce Psaume est un chant d’espérance en Dieu qui nous libère. Dans l’épreuve, gardons notre Foi, car Dieu veille sur ceux qui le craignent et mettent leur espoir en son Amour... Que ton AMOUR, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en TOI !
EPITRE - LA LETTRE AUX HÉBREUX :
C’est dans l’échec apparent, la souffrance, la mort, une mort ignominieuse, que le Grand Prêtre par excellence a partagé nos faiblesses... Il a donc connu nos difficultés et IL intercède pour nous... La souffrance ne vient pas du Seigneur, mais IL veut nous secourir dans nos difficultés et faire tourner à notre plus grand bien les difficultés qui traversent notre vie...
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Quel culot !
« Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous » : les précautions oratoires de Jacques et de Jean à l’endroit de Jésus montrent qu’ils sont bien conscients de faire preuve de culot… Et quel culot ! Rien de moins que de siéger à la gauche et à la droite du Seigneur dans sa gloire. Avant que de s’indigner comme les autres disciples, cette audace peut sans doute être regardée comme une preuve d’espérance et de confiance totale en Jésus.
C’est que les places d’honneur qu’ils sollicitent suppose le consentement à une étroite association à l’autorité de celui qui règne, un accord total et engageant pour l’avenir : à vouloir marcher à la suite de leur maître. Leur demande s’appuie aussi sur une promesse : « Lorsque le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez vous aussi sur 12 trônes » (Matthieu 19, 28). Des fauteuils dont l’emplacement n’est pas précisé : « Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder. » À travers cette réserve, Jésus dévoile tout le sens de son propre chemin, de sa montée vers Jérusalem qui constitue l’arrière-plan du présent récit. Il s’agit, pour lui comme pour ses disciples à sa suite, de s’avancer librement vers la Passion et, pour la suite, de s’en remettre avec confiance au Père.
Un avertissement pour nous, disciples d’hier et d’aujourd’hui
En revanche, il juge sévèrement l’intention qui anime la demande exorbitante des frères Zébédée en ce qu’elle révèle un orgueil déplacé, une manière de « s’y croire », de vouloir être les premiers : de se voir meilleurs que les autres : « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. »
L’avertissement s’adresse à tous les disciples d’hier et d’aujourd’hui, le désir de domination sur autrui n’étant nullement l’apanage de Jacques et Jean. Jésus met aussi en garde contre l’illusion de voir en lui un messie libérateur boutant les Romains hors d’Israël qui établirait son règne à la manière des « chefs des nations, usant et abusant de leur pouvoir », comportement qui apparaîtrait d’autant plus légitime et irréprochable qu’il émanerait de Dieu lui-même. Un rêve tenace de régime politique théocratique qui reste toujours une tentation chez bien des croyants.
Un abaissement jusqu’à la croix
Pour le Christ, le juste exercice du pouvoir est dans le service d’autrui. Un service envisagé comme un abaissement qui va jusqu’à embrasser la condition d’esclave que Paul décrira à la lumière de la Croix : « Il s’est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains ; reconnu à son aspect comme humain, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix » (Philippiens 2, 7-8).
Il s’agit de s’anéantir soi-même jusqu’à ce que rien ne reste, bref, de « donner sa vie en rançon pour la multitude ». Ainsi, le chemin de l’élévation de Jésus trônant en majesté sur l’Univers passe par l’humiliation de la croix et la mort symbolisées par « la coupe à boire et le baptême à recevoir ». Alors « ayant part à ses souffrances, nous avons part aussi à sa gloire » (Romains 8, 17).
Tel est le « mode d’emploi » pour parvenir jusqu’au seul trône qui soit donné aux hommes de voir et même de contempler : la croix. Quant aux places d’honneur, elles sont occupées par deux brigands… Ceux qui siégèrent à la droite et à la gauche du Fils de l’homme à l’heure de sa Passion glorieuse (Marc 15, 27) !
Frère Irénée bénédictin à l’abbaye de Chevetogne
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