Saint Marc mentionne une douzaine de controverses mettant aux prises Jésus et les autorités religieuses de son temps. Aujourd’hui, il mentionne la controverse sur la tradition des anciens. La tradition doit nous libérer et nous aider à mieux vivre. Il ne s’agit pas simplement de répéter les gestes du passé, mais d’agir en conformité avec ce que nous croyons être important pour nous.
Ghandi, qui était intrigué par le Sermon sur la Montagne et par Jésus-Christ lui-même, disait : « J’ai beaucoup d’estime et de respect pour le Christ, mais non pour les chrétiens... car ils disent et ne font pas. » Et il savait de quoi il parlait. Lorsqu’il avait voulu assister à une messe en Afrique du Sud, les chrétiens l’avaient empêché d’entrer, en lui disant que cette église était pour les blancs et qu’à deux coins de rue, il trouverait une église pour les noirs. Ghandi ne remit jamais les pieds dans une église.
« CE PEUPLE M’HONORE DES LÈVRES, MAIS SON COEUR EST LOIN DE MOI. »
(…) Le Seigneur est très dur envers les scribes et les pharisiens parce qu’ils pratiquent leur religion de façon superficielle, et ne répondent pas à l’essentiel de la Loi : « GUIDES AVEUGLES… HYPOCRITES… »Jésus nous invite aujourd’hui à réfléchir sur nos pratiques religieuses et nos croyances. La source de notre action, affirme-t-il, se trouve au fond de notre coeur. Tout n’a pas la même importance dans la vie. Souvenez-vous de ce que Jésus disait au sujet de l’offrande à l’autel : « SI TU APPORTES TON OFFRANDE À L’AUTEL ET QUE LÀ TU TE SOUVIENS QUE TON FRÈRE A QUELQUE CHOSE CONTRE TOI, LAISSE-LÀ TON OFFRANDE. VA D’ABORD TE RÉCONCILIER AVEC TON FRÈRE, PUIS REVIENS PRÉSENTER TON OFFRANDE. » (Matthieu 5, 23-24). La réconciliation est plus importante que toutes les offrandes à l’autel.
En mettant tout sur le même plan, nous détruisons notre échelle de valeurs. Il n’y a pas si longtemps, c’était un péché grave de boire un peu d’eau après minuit et de recevoir ensuite la communion ! C’était un péché grave de manger de la viande le vendredi ! Il y a des choses plus importantes que de boire un peu d’eau ou de manger de la viande certains jours de la semaine. Faire de ces actes « des péchés mortels » et mettre sur le même plan une gorgée d’eau avant la communion et le refus d’aider un blessé le long de la route (parabole du bon Samaritain), risque de dévaluer toute une série d’actions qui sont beaucoup plus importantes.
« CE PEUPLE M’HONORE DES LÈVRES MAIS SON COEUR EST LOIN DE MOI ».
La loi du Seigneur doit prendre sa source au fond de notre coeur. C’est de l’intérieur que viennent les bonnes et les mauvaises intentions.
À mesure que nous devenons plus matures dans notre foi, la parole de Dieu progresse en nous et devient source de lumière et de vie. Dans la deuxième lecture, S. Jacques nous invite à « RECEVOIR AVEC DOCILITÉ LA PAROLE QUI A ÉTÉ IMPLANTÉE EN NOUS ET QUI PEUT NOUS SAUVER » (Jacques 1, 21). Nous avons ici la très belle image d’une petite graine qui est implantée et mise en terre dans notre coeur, d’une semence qui doit se développer et croître à maturité. Cette semence produira ses fruits, si elle est protégée et entretenue.
Aujourd’hui, Jésus nous indique la source du bien et du mal : le coeur humain. « C’EST DU DEDANS, DU COEUR DE L’HOMME QUE SORTENT LES PENSÉES PERVERSES ». Il veut changer notre coeur de pierre en coeur de chair. Il nous invite à revoir continuellement notre échelle de valeurs afin de placer ce qui est le plus important en haut de notre agenda.
« CE PEUPLE M’HONORE DES LÈVRES, MAIS SON COEUR EST LOIN DE MOI. »
Père Yvon-Michel ALLARD, S.V.D.