Jésus ressuscité se manifeste « le dimanche », le premier jour de la semaine. Les chrétiens ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient eux aussi, leur travail, leur vie quotidienne. Ils ne pouvaient pas toujours être ensemble. Or, c’est dans le cadre de leur « rencontre hebdomadaire » que Jésus vient. Ceci nous indique que la foi n’est pas une affaire strictement personnelle, ou individuelle. La présence du Christ ressuscité est surtout ressentie, expérimentée, dans le cadre de nos rencontres communautaires, lorsque nous sommes réunis en Église.
Ils se rencontrent mais ils ont peur. Au moment où saint Jean écrit son évangile, c’est toujours un temps de persécution. Les disciples ont pris l’habitude de se réunir tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Ils s’accueillent, mais il y a des défections, des gens qui abandonnent le groupe. Ils verrouillent leurs portes. Mais voici que chaque dimanche, se renouvelle le « signe » du Cénacle. Mystérieusement, le Christ se glisse parmi les siens, dans le lieu où ils se rassemblent, à Éphèse, Antioche, Corinthe, Jérusalem, Rome. Chaque dimanche, c’est Pâques ! « Tu es là, au cœur de nos vies, et c’est Toi qui nous fais vivre. » L’Église c’est d’abord et avant tout la réunion d’hommes et de femmes au milieu desquels le Christ ressuscité se rend présent. La première parole du Christ après sa résurrection est une parole de paix, une parole qui, comme un refrain, revient régulièrement dans le texte d’aujourd’hui : « la paix soit avec vous ». Le premier don du ressuscité, c’est le don de la paix qui chasse la crainte et le doute : « Shalom ». Cette paix n’est pas celle du monde, c’est la paix confiée comme un héritage précieux le soir du jeudi saint : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne »...
La présence du Seigneur provoque la joie. La joie de la résurrection est celle qui vient après la peur, après la souffrance, après le doute. La joie pascale, la joie chrétienne, n’est pas une joie facile, spontanée, ce n’est pas celle qui nous éprouvons quand tout va bien, quand la santé est bonne, quand la jeunesse est là, pleine de vitalité, quand nos entreprises réussissent, quand nos relations amicales et familiales sont agréables. La joie de la résurrection, c’est celle qui vient « après »... après l’angoisse, après la crise ! C’est la joie et la paix qui remontent d’une situation désespérée (la mort d’un crucifié !) et que rien ne pourra faire disparaître : c’est la joie des disciples d’Emmaüs après le découragement de la mort du Christ.
Bien sûr, nous avons tous nos peurs. Peur de Dieu, peur des autres, peur de souffrir, de manquer d’argent, de ne pas être à la hauteur, de vieillir, de mourir. La liste de nos peurs est longue, trop longue, et ces peurs nous empêchent d’être heureux et de connaître la joie. Le Christ nous dit ce matin : « N’ayez pas peur, ayez confiance en moi. J’ai vaincu la pire des peurs : celle de la mort ». (…) La présence du Christ nous rassemble malgré nos divergences, malgré nos différences. La communauté chrétienne est ouverte aux gens de toutes les couleurs, de tous les partis politiques, de toutes les ethnies, de toutes les langues. C’est le contraire de la tour de Babel. Saint Paul dira : « Parmi vous, il n’y a ni Grecs ni Juifs, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres ».
A l’heure où un très grand nombre de baptisés ne fréquentent plus les églises, nos rassemblements dominicaux sont importants et nous permettent d’entretenir et vivifier notre foi de croyants ! On ne peut vivre sa foi seul : la foi a besoin de se nourrir de la parole de Dieu et de s’alimenter de la foi des autres. Alors qu’ils étaient réunis pour célébrer l’eucharistie, « Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. »
Père Yvon-Michel Allard, SVD, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada. (Extrait)
https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-B/R-B25-Paq2.htm